Le clivage est un mécanisme de défense précoce. Le nouveau-né, n'ayant pas accès à l'ambivalence, ne peut comprendre que ce soit la même mère qui le gratifie et qui le frustre. Il clive donc sa mère en deux, séparant ainsi la « bonne » mère qui gratifie de la « mauvaise » mère qui frustre. Les autistes, confrontés à un trop plein d'informations sensorielles, se défendent par le clivage. Ils ont ainsi une « maman du toucher », une « maman du regard », une « maman du son », etc. Un nouveau-né ordinaire fini par admettre l'ambivalence, c'est-à-dire qu'un objet ou qu'un être peut être à la fois bon et mauvais.
Ludovic semble se défendre toujours par clivage. Par exemple, il est incapable de regarder et de comprendre un film. Il regardera un film en faisant d'abord abstraction de son ouie, c'est-à-dire qu'il n'enregistrera que les images. Il rembobinera la cassette, re-visionnera le film, fera abstraction cette fois-ci des images et se concentrera sur les dialogues et les sons qui les organisent. Voir et entendre en même temps sont deux choses certainement angoissantes pour lui.
La musicothérapie à son avantage car elle ne fait pas appel à une multisensorialité. Ludovic, à plusieurs reprises, ne semblait pas regarder les gestes que nous faisions pour jouer, et il était tout à fait capable de reproduire à l'identique les sons que nous émettions. Sans regarder (a priori) il rentrait en relation avec les adultes et les autres membres du groupe. Son œil en coin, « en tangente » explique aussi ce phénomène.
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